Salle souterraine

Droite et froide comme une lance de marbre, j'étais assise sur un large fauteuil d'argent au centre de la salle. A plusieurs dizaines de mètres sous terre, aucun bruit des vivants ne me parvenait et ce calme m'envahit d'une atmosphère calme et sinistre. Mon visage ne laissait place à aucune expression et mes yeux fixaient droit devant moi comme s'ils avaient quelque chose à transpercer.
Cette salle aux murs arrondis était vaste et le plafond très haut, laissant le froid peser comme le souffle d'un spectre. L'endroit très sobre, austère dirais-je murmurait inlassablement les plaintes de mes ancêtres attendant qu'on le venge. Un surtout me hantait du matin au soir, depuis plus de dix ans, depuis la mort de ma mère. C'était justement elle qui m'entourait de ses chuchotements et de ses souffles froids dans cette salle. Je l'avais connue toute petite mais mon dernier souvenir d'elle fut celle d'une femme très belle, forte qui se dressait dans la tempête et qui m'avait regardé longuement :

*Sois forte, n'accepte aucune sorte de soumission, bas-toi et venge moi*

Elle avait murmuré dans la tempête, mais ces paroles sont restées gravées dans ma mémoire à jamais. Et encore maintenant son fantôme venait me les répéter, inlassablement.

Soudain, je me secouai faisant ruisseler ma chevelure de cuivre sur mes épaules et me mis à penser eu présent.

Une réunion était prévue, mes frères et ma sœur devaient me rejoindre ici. Parler de je ne sais plus quoi. De toute façon à quoi bon, puisqu'on ne m'écoutait jamais, même mon frère me considérait comme sa petite sœur !

Je ruminais ceci en attendant qu'ils viennent.

Je sentis soudain un froissement de l'air et me raidis. Ce n'était pas un Dëyla ; qui osait pénétrer dans le manoir ? Je fronçais des sourcils et le pli de mes lèvres se durcit. Pourtant je ne sentais aucune onde négative se dégager de cette personne et à vrai dire elle m'intriguait. Elle n'était pas comme les autres, comme si elle avait toujours vécu à part des êtres humains, donc à l'écart du mal en soi.
Sans pour autant me départir de ma froideur je murmura :

*Bonjour, qui que vous soyez, sachez qu'en étant ici vous risquez votre vie à chaque seconde écoulée.*

*Gloups*

J'avallais ma salive pour m'apprêter à dire quelque chose... Mais quoi ?
Je n'avais aucune idée de ce que je pouvais dire. Je ressentais la succeptibilité de cette personne et ne voulais pas me faire un ennemi dès mon arrivée.
Mais cette personne m'inspirait du respect. Je me fis violence et décidais de prononcer un mot, pour répondre à la question qui semblait m'avoir été posée indirectement. J'allais prendre un risque et lui dévoiler mon identité.

- Daoine.

Je me rendai compte que ce que je disais n'avait aucun sens sans contexte. J'ajoutais donc de facon assez idiotique :

- C'est mon nom.